L’idée du titre n’a d’ailleurs rien de particulièrement glamour : c’est la contraction des mots tétrominos et tennis, un sport que Pajitnov apprécie particulièrement.
Comme d’habitude, Alexey Pajitnov partage sa création avec l’ensemble de la sphère universitaire moscovite, mais cette fois les retours sont un peu différents.
Intrigué par l’idée de voir son jeu franchir le rideau de fer, Pajitnov réserve sa réponse.
Roublard et pressé, Stein n’attendra aucune réponse, et vendra rapidement les droits d’exploitation de Tetris à l’éditeur Mirrorsoft au Royaume-Uni, mais aussi aux Etats-Unis par l’intermédiaire de Spectrum Holobyte.
Le gros éditeur de l’époque, Ascii, décline poliment l’offre, qui intéresse néanmoins un certain Henk Rogers, créateur de jeux d’origine hollando-indonésienne installé à Tokyo et qui fait alors affaire avec Nintendo.
Le tout dans le dos de Pajitnov et Elorg, l’éditeur russe vers lequel s’est rapproché le créateur de Tetris pour respecter la législation stricte en vigueur en URSS.
Il repart au Japon, et convainc Hiroshi Yamauchi - le grand patron de Nintendo à l’époque - du potentiel du jeu.
L’inévitable Shigeru Miyamoto sera amené à donner son avis : Tetris est-il un bon jeu.
Le créateur de Mario et Zelda répondra évidemment par l’affirmative, puisque l’ensemble de la société kyotoïte rogne allègrement sur ses heures de travail pour jouer au puzzle game russe depuis plusieurs semaines.
La production de la version NES de Tetris peut commencer.
Rogers a eu vent du projet Game Boy, et il souhaite évidemment voir Tetris accompagner le lancement de la première console portable de Nintendo.
Rogers mandate alors Robert Stein, l’entrepreneur peu scrupuleux qui semblait détenir les droits à l’origine, de négocier directement avec Moscou pour l’obtention d’un nouveau droit d’exploitation.
Sans nouvelles de son émissaire commercial, qui temporise de peur d’éventer sa tromperie originelle, il décide de se rendre à Moscou pour rencontrer Elorg et Pajitnov.
Le 22 février 1989 est une journée éprouvante pour Alexey Pajitnov et Nikolai Belikov, l’agent d’Elorg chargé des négociations.
Déjà, le duo réalise l’ampleur du phénomène Tetris lors de leur première entrevue avec Rogers : le jeu connaît un grand succès en occident, mais aussi au Japon alors même qu’aucun droit n’a été cédé au départ.
Le courant passe très bien entre Henk Rogers et Pajitnov : les deux hommes s’apprécient immédiatement, et la confiance s’installe rapidement entre les deux créateurs.
Ce mélange de vaudeville et de roman d'espionnage se termine bien : Rogers repart de Russie avec un énorme deal concernant l’ensemble des droits d’adaptation de Tetris sur consoles, outrepassant son accord préalable avec Atari, certes basé sur un abus de confiance.
L’éditeur américain tentera vainement d’attaquer par la suite Nintendo en justice, mais sera débouté et devra gérer quelques 500 000 cartouches NES invendables car considérées comme pirates.
Big N décidera même intelligemment d’offrir Tetris en bundle avec sa console portable, plus à même de séduire un public féminin que le plombier moustachu : plus de 35 millions de cartouches de Tetris seront finalement vendues sur Game Boy, enrichissant la société japonaise autant que l'État soviétique.
Mais pas Alexey Pajitnov, qui ne touche pas un centime à l’époque : l’URSS ne reconnaît pas la notion de propriété intellectuelle.
Entêtante en diable, la musique de Tetris sur Game Boy signée Hirokazu Tanaka a largement contribué a son succès populaire, notamment son premier thème inspiré du folklore russe.
The Tetris Company est créé en 1996 avec son acolyte Henk Rogers, qu’il gère encore aujourd’hui.
, suite 3D sortie sur Nintendo 64 en 1997, est remarquable pour sa complexité tandis que le mashup Puyo Puyo Tetris.
Impossible de ne pas mentionner la série Tetris : The Grand Master, que certains joueurs maîtrisent à la perfection au point de pouvoir y jouer sans voir les pièces.
a défrayé la chronique en 2019 sur Nintendo Switch, tandis que le fantasmagorique Tetris Effect de Tetsuya Mizuguchi fait le bonheur des possesseurs de PSVR depuis sa sortie en 2018 sur PlayStation 4.
» confie Alexey Pajitnov dans sa biographie éditée par Pix’n Love.
2 days ago